Socialisme Libertaire

* L’idée que le socialisme est avant tout à propos de liberté et donc sur le dépassement de la domination, de la répression, et de l’aliénation qui bloquent la libre circulation de la créativité humaine, de la pensée et de l’action. Nous n’assimilons pas socialisme avec la planification, le contrôle de l’État, ou la nationalisation des industries, bien que nous comprenions que dans une société socialiste (pas « sous » le socialisme) l’activité économique sera collectivement contrôlée, gérée, planifiée et possédée. De même, nous croyons que le socialisme impliquera l’égalité mais nous ne pensons pas que le socialisme est l’égalité, car il est possible de concevoir une société où chacun est également opprimé. Nous pensons que le socialisme est incompatible avec des États à parti unique, avec les contraintes de liberté de paroles, avec une élite exerçant un pouvoir «au nom du» peuple, avec le culte des leaders, avec l’un des autres dispositifs par lesquels la société mourante cherche à se dépeindre comme la nouvelle société.

* Une approche du socialisme incorpore la révolution culturelle, la libération des femmes et enfants, et la critique et la transformation de la vie de tous les jours, ainsi que les plus traditionnelles inquiétudes des politiques socialistes. Un politique est complètement révolutionnaire car elle cherche à transformer toute la réalité. Nous ne pensons pas que la capture de l’économie et de l’État conduisent automatiquement à la transformation du reste de l’être social, ni nous n’assimilons la libération avec l’évolution de nos modes de vie et de nos têtes. Le capitalisme est un système complet qui envahit tous les domaines de notre vie : le socialisme doit être le dépassement de la réalité capitaliste dans son ensemble ou cela n’est rien.

* La politique libertaire est elle-même concernée par la libération de l’individu parce que c’est collectif et par la libération collective parce que c’est individualiste.

* Être un socialiste n’est pas seulement une chose intellectuelle, une question d’avoir les bonnes idées ou les bonnes approches intellectuelles. C’est aussi une question de comment vous vivez votre vie.

* Une politique est révolutionnaire car, selon les mots de Marx et Engels, « la révolution est nécessaire non seulement car la classe dominante ne peut pas être renversée d’une autre manière, mais aussi parce que la classe renversante peut seulement réussir une révolution qu’en se libérant soi-même des fumiers de tous les temps et devenir adapter pour trouver une société nouvelle. »

* Parce que la révolution est un processus collectif d’auto-libération, parce les gens et la société sont transformés à travers la lutte, non pas par décret, par conséquent « l’émancipation des classes ouvrières peut seulement être réalisé par les classes ouvrières elles-mêmes », non par l’avant-garde Léniniste, un État socialiste, ou tout autre agent agissant pour leur compte.

* Une conception de la gauche non pas comme séparée de la société, mais comme une part de la société. Nous, de la gauche, sommes des gens qui sont sujets à l’oppression sociale comme n’importe qui d’autre, qui luttons pour le socialisme car notre propre libération est possible seulement quand toute la société est libérée. Nous cherchons à apporter les autres à notre projet socialiste non pas pour leur faire une faveur, mais parce que nous avons besoin de leur aide active pour notre propre libération. Le commentaire de Cohn-Bendit est « c’est pour vous-même que vous faites la révolution », ce n’est pas une position individuelle, mais la clé pour une véritable politique collective, est basée sur la joie et la promesse de vie, au lieu d’être basé sur l’auto-sacrifice ce qui est souvent la version radicale du fardeau de l’homme blanc.

* Nous, de la gauche, nous voyons nous-mêmes comme des participants égaux de la lutte, non comme des leaders oints. Nous avançons notre vision socialiste comme une part de notre contribution, mais nous ne pensons pas que nos croyances dans le socialisme signifient que nous avons toutes les réponses. Nous traitons avec des gens honnêtes, d’égal à égal, sans supposer que nous avons le droit de dicter ce qu’ils doivent penser ou faire, ni supposer que nous n’avons rien à apprendre d’eux. Nous avons assez confiance en notre politique pour ne pas chercher à manipuler les gens vers nos conclusions.

* Comme socialistes nous formons des organisations avec d’autres gens qui partagent nos idées. C’est nécessaire et valide, mais cela représente une situation que nous devrions continuellement surpasser, pas une que nous devrions accepter et même institutionnaliser dans un mode léniniste. Le socialisme implique non seulement le dépérissement de l’État, mais aussi le dépérissement de la gauche et de ses organisations comme des entités distinctes. Le pouvoir dans une société socialiste doit être exercé de manière à permettre la participation de chacun, pas seulement ceux appartenant à une organisation donnée. Cela doit être préfiguré dans les formes et mouvements politiques qui émergent avant la révolution. L’ultime but de la gauche et de ses organisations ne doit pas être de diriger la société mais de s’abolir elles-mêmes.

* Le composant le plus important de la conscience socialiste est la pensée critique. Nous devons apprendre à penser à tout de manière critique, pour ne rien prendre pour acquis, rien comme donné. Par conséquent, nous ne voulons pas de gens qui acceptent les idées socialistes de la même manière qu’ils les acceptent maintenant, partiellement ou complètement, des idées bourgeoises. Nous voulons détruire toute critique d’acceptation et de croyance. Nous pensons que l’examen critique de la société conduit aux conclusions socialistes mais ce qui est important est non seulement les conclusions mais également et même plus la méthode pour arriver à elles.

* Nous nous basons sur l’héritage du marxisme. Cela ne signifie pas que nous acceptions toutes les idées de Marx, encore moins ceux qui prétendent être ses adeptes. Le marxisme est un point de départ pour nous, et non pas notre destination pré-déterminée. Nous acceptons le diktat de Marx que notre criticisme ne doit avoir peur de rien, incluant ses propres résultats. Notre dette envers le marxisme ne sera pas moindre, si nous constatons que nous devons aller au-delà.

* Rien ne serait plus étranger pour nous que l’idée « traditionnelle marxiste » selon laquelle on a répondu à toutes les questions importantes. Au contraire, nous n’avons pas encore formulée beaucoup de ces importantes questions.

* Nous devons essayer de maintenir un équilibre entre la théorie et la pratique qui cherche à les intégrer, et qui reconnaît que nous devons nous engager dans les deux en même temps.

* Le centre de gravité de notre politique doit être quand nous ne sommes pas dans l’identification indirecte avec les luttes d’ailleurs. Le travail solidaire est important, mais il ne peut pas être le centre principal du mouvement socialiste.

* Nous ne savons pas si nous allons gagner : l’Histoire est faite d’êtres humains et où l’être humain est concerné rien n’est inévitable. Mais parce que les gens font l’Histoire, nous savons qu’il est possible de construire un nouveau monde, et nous efforçons de réaliser cette possibilité.

* « Il n’y a qu’une raison pour être révolutionnaire – parce que c’est le meilleur moyen de vivre. »

Originellement publié dans le volume 2, Numéro 1 (numéro Été 1977) de la menace rouge [The Red Menace].

http://www.diemer.ca/Docs/Diemer-SocialismeLibertaire.htm

Laisser un commentaire

Aucun commentaire pour l’instant.

Comments RSS TrackBack Identifier URI

Laisser un commentaire